Gheranda Samhita 5. Le contrôle de l'énergie du souffle vital - Pranayama

 

  1. La discipline des six purifications
  2. Les postures — asana
  3. Les gestes ou sceaux — mudra
  4. Le retournement de l'activité sensorielle — Pratyahara
  5. Le contrôle de l'énergie du souffle vital — Pranayama
  6. La méditation — Dhyana
  7. L'enstase ou Identification — samadhi

 

1. Gheranda dit :
Maintenant je vais t'enseigner les èegles du pranayama, le contrôle du souffle vital. En pratiquant cette discipline l'homme devient semblable à un dieu.

2. L'accomplissement du pranayama requiert quatre conditions : d'abord trouver un emplacement adéquat, ensuite choisir le moment propice, puis avoir une alimentation modérée et, enfin, pratiquer la purification des nadi, les lignes par où circule l'énergie.

3. a) Choix de l'emplacement.
On ne commcncera pas le yoga dans un lieu trop isolé, nidans une forêt, ni dans une capitale et en présence d'autres hommes. En, agissant ainsi on perdrait toute chance de succès.

4. Dans un site trop isolé on perd confiance ; dans une forêt on est sans protection ; dans la jungle des cités trop peuplées on s'expose ! II faut donc éviter de s'installer dans ces trois endroits.

5. On choisira une contrée agreable et paisible, gouvemée par un roi justc et ou la nourriture abonde. C'est là que l'on batira un ermitage enclos de murs.

6. Dans l'enclos on prévoira un puits et un réservoir d'eau. Les murs de la hutte ne seront ni trop élevés ni trop bas et on veillera a l'élimination des insectes.

7. La construction de la hutte sera achevée par un bon enduit de bouse de vache. Bien préservé dans un tel emplacement, on pourra alors s'exercer au pranayama.

8. b) Choix de l'époque propice.
II est contre-indiqué de débuter la discipline yogique pendant l'hiver, à la saison fraiche avant le début du printemps, pendant les grosses chaleurs de l'été et dans la période pluvieuse des moussons. On risquerait de contracter des maladies.

9. Le débutant commencera sa pratique au printemps ou en automne. En faisant ainsi il obtiendra un succès durable et évitera mes maladies.

10. Le cycle des six saisons commence au mois caitra, c'est-à-dire environ mars, et se se termine au mois phalguna ; c'est-à-dire environ février, chaque saison occupant une tranche de deux mois. Mais en réalité on les éprouve avec plus de justesse aux périodes de quatre mois, la première débutant au mois magha (environ janvier), et la dernière finissant au mois phalguna. (environ février).

11. Les six saisons et leurs mois :
Vasanta, le printemps, avec caitra : mars et vaishakha : avril.
Grisma, l'été, avec jyaistha : mai, et asadha : juin.
Varhsa, la mousson, avec shravana : juillet, et bhadra : aout.
Sharad, l'automne, avec ashvina : septembre, et karttika : octobre.
Hemanta, l'hiver, avec marga : novembre, et pausha : décembre.
Shishira, la saison froide, avec magha : janvier ; et phalguna : février.

12. -14. Mais, comme je te l'ai dit, les saisons se chevauchent et se manifestent surtout par des signes extérieurs. Voici leur description réelle par rapport à l'expérience que nous en avons :
- le printemps fait ressentir ses effets de janvier à avril.
- la saison chaude le fait de mars à juin.
- la saison des pluies de juin à septembre.
- l'automne d'aout à novembre
- l'hiver d'octobre à janvier.
- Et la saison froide entre les mois de novembre et de février.

15. Il est important de préciser que la pratique doit donc ommencer au printemps ou en automne afin d'obtenir le meilleur succès sans risques de troubles.

16. c) Les choix diététiques.
Celui qui aborde le yoga sans une certaine modération alimentaire risque également de contracter des maladies et de ne parvenir à aucun résultat.

17. Le yogin mangera du riz cuit, de la farine d'orge ou de froment, des haricots mungo (phaseolusmungo), des haricots phaseolusradiatus, des pois chiches (cicer arietinum). Tous ces végétaux devront être purs, blancs et decortiqués.

18 - 19. II pourra consommer : concombre patola (trichosanthes dioica), fruit de l'arbre à pain (artocarpus integrifolia), taro (arum colocasia), noix de muscade, jujube, noix de bonduc (bonducella guilandina), concombre (curcumis utilissimus), banane, figue, fruit de l'epineux kantaka, banane plantain verte, banane cueillie avant maturité, tige de bananier et ses racines, aubergine (solanum melongena) et des racines médicinales.

20. Les yogin apprécient également les cinq légumes verts dont les légumes frais de saison, les feuilles de concombre patola, le chenopodium album et le légume d'hiver himalocika (?).

21. Cette modération alimentaire consiste a manger avec plaisir ce qui est savoureux et à ne remplir l'estomac qu'a moitié, toujours avec des produits purs, trés doux et onctueux.

22. On emplira l'estomac pour moitié de nourriture, pour un quart d'eau, laissant l'autre quart vide pour la circulation de l'air.

23. Au début on évitera le piquant, le sale, l'amer, les aliments frits, le lait caillé et le petit-lait, l'excès de légumes surtout mélangés au fruit de l'arbre à pain, les boissons alcoolisées et les noix de palme,

24. ainsi que les pois doliques (dolichos biflorus), les lentilles rouges (lens esculenta), le fruit du pandu (?), la courge benincassa cerifera, les tiges de légumes verts, la courge sauvage lagenaria vulgaris, les jujubes (ziziphus jujuba), la feroniaelephantum, le kantabilva (genre de solanée), les feuilles de butea frondosa.

25. II faut y ajouter le kadamba (anthocephalus kadamba), le citron, le fruit rouge de la momordica philadelpha, le fruit laiteux du lakuca (anocarpus lacucha), l'ail, l'aconit, le kamaranga (?), le fruit du pyal (buchanania latifolia), l'assa foetida, le fruit du kapokier (bombax malabaricum) et le kemuka (?).

26-27. Le débutant devra aussi éviter les voyages, la compagnie des femmes et les rituels du feu. II s'abstiendra de beurre frais, de beurre clarifié, de lait, de melasse, de sucre candi, de sucre de canne, de noix de coco, de grenade, de curcuma, de raisin, de lavani (?), de myrobolam emblique et de tout ce qui contient des jus et des saveurs acides.

28. Par contre le yogin pourra toujours consommer du cardamone, des clous de dirofle très énergétique, de la pomme-rose stimulante, du myrobolam chebule et des dattes.

29. Il s'alimentera à son gout et selon ses désirs pourvu que sa nourriture reste légère, cuite à point, agréable, onctueuse et roborative pour les constituants fondamentaux du corps physique (les 7 dhatu).

30. Mais les aliments secs et dur à digérer, dangereux , avariés ou puants, brulants ou rassis, trop chauds ou glacés sont prohibés pour lui.

31. Il évitera également le bain de l'aube, les jeunes et toutes les macérations qui pourraient affliger le corps, se gardera de ne prendre qu'un repas par jour, ou a fortiori, de s'abstenir totalement, mais pourra manger toutes les trois heures.

32. C'est en suivant ces préceptes avec méthode que le yogin accomplira les exercices de contrôle du souffle. D'une gaçon générale, chaque jour avant de commencer sa pratique, il prendra du lait et du beurre fondu, puis il fera deux repas quotidien à midi et le soir. Voilà ce que l'on peut dire sur les choix diététiques.

33. d) la purification des nadi.
Assis sur une natte d'herbe kusha, sur une peau d'antilope ou de tigre, ou encore sur une couverture de laine, le sol étant sec, confortablement installé, face à l'Est ou au Nord, le yogin pratiquera les exercices de pranayama après avoir purifié les nadi.

34. Candakapali dit :
Ô trésor de compassion : Comment fait-on pour purifier les nadi ? Je désire tout savoir sur ce sujet ; apprends-moi cela, je t'en prie !

35. Gheranda répondit :
Tant que les nadi sont emplies d'impuretés, le souffle ne peut y pénétrer. Dans ces conditions, comment pourrait-on accomplir le pranayama ou acquérir la science des tattva. On doit tout d'abord purifier les nadi, ensuite pratiquer le pranayama.

36. Il y a deux sortes de purifications des nadi : celle qui fait intervenir le mental, samanu, et celle qui n'en tient pas compte, nirmanu. Samanu est basée sur la technique des bija ou phonèmes-racines ; nirmanu sur les techniques de purifications physiques.

37. Au début nous avons parlé des procédés physiques de nettoyage c'cst-a-dire des «six actes de purification». Maintenam Canda, prends connaissance de la technique mcntale de
purification des nadi appelée samanu.

38. Assis dans la posture du lotus, padmasana, et ayant accompli 1'adoration du Guru Suprême selon les instructions de son maitre, le yogin s'appliquera à purifier les nadi afin d'obtenir un total succès dans le pranayama.

39 - 40. Le sage yogin doit méditer sur le phonème spécifique de 1'air (le bija YAM), couleur de fumée et plein d'éclat. Le cycle respiratoire se pratique ainsi (sur la mesure moyenne 16 x 64 x 32) : inspiration par la voie lunaire (narine gauche) en répétant mentalement seize fois le phonème. Rétention de l'air en 64 matra. Expiration par la narine solaire (narine droite) en 32 matra avec autant de répétitions du phonème.

41 - 42. Méditer aussi sur l'élémcnt-feu qui a son siège dans le centre du nombril et l'unir au centre de l'élément-terre dans une même lumière. Inspirer par la narine solaire (narine droite) en prononçant seize fois le phonème spécifique du feu (le bija RAM). Retenir l'air pendant 64 matra, avec 64 répétitions du phonème. Expirer par la narine lunaire (narine gauche en 32 matra, avec 32 répétitions du phonème.

43 - 44. Ensuite, fixer l'attendon sur la pointe du nez et méditer sur la clarté lunaire en se concentrant sur les taches en torme de lièvre qui apparaissent sur le disque de l'astre. En même temps inspirer par idanadi (narine gauchc) en prononçant seize fois le bija THAM. Faire une retention de l'air pendant 64 matra, en répétant 64 fois le phonème de l'eau VAM. Pendant ce temps visualiser la liqueur d'immortalite qui purifie toutes les nadi en s'écoulant à travers elles. Expirer en 32 matra en répétant la syllabe spécifique de la terre, LAM.*
(* 1 matra correspond environ à une seconde et 25 dixième, voir 1 seconde et demi)

45. Ces procédés de purification nettoyent parfaitement les nadi. Fermemcnt installé en posture assise on peut alors s'exercer aux divers pranayama.

 

Les Huit Sortes De Retentions Du Souffle

46. II y a huit sortes de rétentions (kumbhaka) :
sahita, la retention «accompagnée» d'inspir et d'expir ; suryabheda, la perforation du soleil ; ujjayi, la victorieuse ; shitali, la rafraichissante ; bhastrika, le soufflet ; bhramari, l'abeille ; murcha, l'évanouissement ; kevali, la «stupéfiée» ou arrêt indéterminé de la respiration.

1 - Sahita - Rétention avec inspir-expir

47. La rétention dite sahita comprend deux formes appelées sagarbha «avec semence». Sagarbha emploie les phonèmes-racines, nigarbha ne les emploie pas.

48. Je commencerai par te décrire le premier pranayama appelé sagarbha, «avec semence» : assis dans une posture confortable, face à l'Est ou au Nord, on doit méditer sur Brahma. (vidhi), createur empli des qualités de dynamisme du rajas-guna, de couleur rouge et symbolisé par la lettre initiale A.

49. Pendant ce temps, que le sage inspire l'air en 16 matra par idanadi, c'est-à-dire par la narine gauche, et à la fin de l'inspiration, mais avant la rétention, qu'il pratique la contraction de « l'envol », uddiyanabandha.

50. Qu'il fasse ensuite une rétention de 64 matra en répétant autant de fois la lettre U, visualisée de couleur noire et tout en méditant sur Hari-vishnu empli des qualités de pureté du sattva-guna.

51. Enfin qu'il expire en 32 matra et comme il convient (c'est-à-dire par la narine droite) en prononçant intérieurement la lettre Ma visualisée de couleur blanc-brillant et en méditant sur shiva empli des qualites de désintegration du tamas-guna.

52. II faut ensuite inspirer sur pingalanadi (narine droite), faire toujours la rétention accompagnée de la concentration, puis expirer sur idanadi (narine gauche) et continuer ainsi le contrôle du souffle par narines alternées.

53. On doit pratiquer longuement cette respiration alternée.Après l'inspiration et jusqu'à la fin de la rétention on tiendra les deux narines fermées avec les doigts, la droite avec le pouce, l'autre avec l'auriculaire et l'annulaire, l'index et le médius restant libres.

54. Le pranayama appelé nigarbha, «sans support», se fait sans répétition de phonèmes. Avec la main gauche posée sur le genou gauche on peut marquer les cycles d'inspiration, retention et expiration, cycles dont on élargit ia mesure de une à cent matra.

55. Ce pranayama comporte trois mesures : la supérieure, de 20 matra (le cycle complet étant 20 x 80 x 40), la moyenne, de 16 matra (le cycle etant 16 x 64 x 32), et la petite, de 12 matra (le cycle etant 12 x 48 x 24).

56. La pratique de la petite mesure provoque la transpiration. Celle de la mesure moyenne un tremblement parcourant l'axe vertébral. Celle de la mesure supérieure la lévitation. Tels sont les pouvoirs respectifs associés à ces trois pranayama.

57. Grâce au pranayama on peut voler dans l'espace, grâce à lui toutes les maladies sont éliminées, grâce à lui, encore, l'énergie primordiale (shakti) se réveille, grâce à lui, toujours, on atteint l'état de non-mental et l'esprit éprouve la félicité. Celui qui pratique le pranayama est envahi de bonheur.

2 - Suryabheda - La Perforation Du Soleil

58 - 59. Gheranda dit :
Sahita étant décrit, écoute maintenant tout ce qui concerne la rétention appelée suryabheda :
II faut inspirer l'air extèrieur par la nadi solaire (narine droite) avec toute la puissance dont on est capable. En se concentrant très attentivement et en pratiquant la contraction de la gorge, jalandharabandha, on doit ensuite tenir la rétention jusqu'à ce que la sueur jaillisse de la racine des ongles et des cheveux.

60. Notons avant tout l'existence de dix souffles vitaux :
- Prana, l'énergie vitale ascendante de la respiration.
- apana, l'énergie vitale descendante et excretive.
- Samana, l'énergie vitale de la digestion.
- Udana, l'énergie vitale de la toux et de l'expiration.
- Vyana, l'énergie vitale diffuse dans le corps.
- Naga, l'énergie d'éructation.
- Kurma, l'énergie dirigeant le clignement des yeux.
- Krikara, l'énergie qui provoque l'éternuement.
- Devadatta, l'énergie du bâillement.
- Dananjaya, l'énergie de transformation.

61 - 62. Le prana se meut toujours dans le coeur ; apana dans la sphère de l'anus ; samana, dans la région du nombril ; udana au milieu de la gorge ; quant à vyana, il se diffuse dans tout le corps. Ces cinq souffles constituent les énergies vitales majeures et portent le nom de prananadi (les prana fondamentaux du corps subtil). Les cinq autres énergies vitales portent le nom génériques de nagadi.

63 - 64. A propos de ces cinq dernières énergies, je te dirai que naga permet d'accomplir l'éructation et que kurma permet l'ouverture des paupières. Sache aussi que krikara provoque l'éternuement, que devadatta dirige le bâillement ou le froncement des sourcils et que dhananjaya pénétrant toutes choses, ne disparait pas avec la mort (c'est l'énergie de décomposition des cadavres).

65. L'énergie naga fait accéder à la conscience intérieure ; kurma permet de voir ou de ne pas voir en provoquant l'ouverture et la fermeture des yeux ; krikara, qui dirige l'éternuement crée aussi les sensations de faim ou de soif ; comme nous l'avons vu, la quatrième, devadatta, provoque le bâillement ; enfin, dhananjaya produit le son et la parole : pas un seul instant cette énergie ne quitte le corps.

66 - 67. Il faut tirer toutes ces énergies de leur racine commune dans le sentier ombilical par l'inspiration qui les concentre dans la nadi solaire (narine droite), puis expirer par idanadi (narine gauche), avec calme mais en une puissante impulsion ininterrompue. Recommencer en inspirant toujours par la voie solaire droite, faire une rétention selon la règle de l'art, et expirer à gauche. Continuer ainsi, encore et encore, et toujours dans le même ordre.

68. Cette rétention du souffle appelée «perforation du soleil» vainc la décrépitude et la mort ; elle réveille «l'énergie des profondeurs» la shaktikundali, et attise le feu corporel. Voici ô Canda, ce que l'on peu dire de cet excellent suryabhedana.

3— Ujjayi - La victorieuse.

69. Bouche fermée, inspirer l'air par les deux narines en le faisant frotter de la gorge à la poitrine, puis le retenir dans la bouche.

70. Après s'être consciencieusement «rincé» la bouche avec cet air, pratiquer la «contraction de la gorge» jalandharabandha et faire la retention avec toute la force dont on est capable,
mais sans gêne.

71 - 72. Grâce à ujjayi tous les buts sont atteints. L'homme qui le pratique est protégé des maladies du phlegme, mais aussi des douleurs consécutives aux désordres de l'élémént-air, de l'indigestion, de la inauvaise digestion suivie de flatulences, de la tuberculose, des fièvresiet de la splénite. Il a vaincu la vieillesse et la mort.

4 — Shitali - La Rafraichissante

73. Aspirer l'air par la langue (avec kakimudra) et emplir l'estomac doucement. Faire une retention pendant un court instant puis expirer par les deux narines.

74. Le yogin doit toujours pratiquer cette shitali qui est excellente. Grâce à elle il ne contractera jamais de maladies dues aux désordres de kapha et pitta. (le phlegme-eau et la bile-feu) et sera à l'abri des indigestions.

5 — Bhastrika - Le soufflet.


75. A l'instar du forgeron qui agite son soufflet rythmiquement, il faut faire mouvoir l'air en un mouvement vif d'inspir et d'expir, à intervalles réguliers, et par les deux narines alternées.

76 - 77. Après avoir fait vingt cycles consecutifs, on pratique la rétention. A la fin de cette rétention on répete ces frictions d'air comme indiqué précédemment (avec l'autre narine). Le sage doit pratiquer trois fois par jour ce bhastrika suivi de la rétention (la même que pour suryabhedha). Ainsi il n'éprouvera ni maladies ni souffrance et, au fil des jours, il jouira d'une
excellente santé.

6 — Bhramari - L'abeille

78. A minuit, le yogin s'installera dans un endroit silencieux ou l'on n'entende même pas un bruit d'insecte et il pratiquera inspiration et rétention en obstruant ses oreilles avec les mains.

79 - 80. Ainsi il pourra entendre par l'oreille droite de très belles et très subtiles sonorités internes. D'abord les cliquetis ou stridulations (comme en émet le criquet), puis le son de la flute, le tonnerre, le son du tambour jharijhara, le bourdonnement de l'abeille, le son d'une cloche ou d'un gong de cuivre, ensuite celui d'une trompe, des timbales, du tambour mridanga, du tambourin et du tambour dundubhi.

81 - 82. Ces sonorités si variées seront révélées par une pratique quotidienne de bhramari. On perçoit ensuite le son inbtérieur (anahatadhvani) qui résonne en permanence dans le centre du coeur. De cette résonnance intérieure nait une lumière et cette lumière inonde bientôt le mental. Lorsque le mental est totalement absorbé en elle, on atteint la demeure suprême de Vishnu (paramapada). Si on obtient le succès en bhramari, on atteint l'enstase et ses pouvoirs (samadhi).

7— Murccha - L'évanouissement.

83. Après avoir réalisé la rétention avec aisance, on doit stabiliser le mental par une concentration entre les deux sourcils et se dégager de tout objet de perception sensorielle. Vient alors l'évanouissement du mental ; ce qui provoque une joie intense. Le mental (manas) s'identifie au Moi le plus profond (atman) et la félicité yogique est expérimentée d'une façon durable.

7— Kevali - La stupéfiée.

84. Dans le processus respiratoire, l'air qui entre produit le son SAH, l'air qui est expiré le son HAM. En vérité, chaque être vivant murmure spontanément, 21600 fois toutes les 24 heures, ce mantra qui la gayatri informulée (ajapa gayatri).

85. Ce mantra spntané HAMSA est mis en mouvement en trois endroits : dans le centre de la base, muladhara, dans le lotus du coeur (anahata) et là où se rejoignent les deux narines (ajna).

86 - 87. Le corps d'énergie mesure 96 pouces de long (180 cm). Selon les formes d'activité physiques, l'énergie vitale du souffle est expulsée à des distances différentes : au repos dans la position naturelle, le souffle expiré parcourc 12 pouces (22,36 cm) ; lorsque l'on chante, 16 pouces (30 cm) ; en mangeant, 20 pouces (38,10 cm) ; en marchant, 24 pouces (44,72 cm) ; pendant le sommeil, 30 pouces (69,85 cm) ; pendant le coit, 36 pouces (78,58 cm). Mais quand on fait un gros effort cette mesure s'accroit considérablement.

88. En réduisant l'expiration naturelle (celle du repos), on augmente les probabilités de longévité maximale. A l'inverse, plus le souffle expiré dépasse cette mesure ordinaire, plus les
chances de longévité s'amenuisent.

89. Tant que l'énergie vitale ascendante (prana) réside dans le corps, la mort ne se produit pas. La rétention absolue appelée kevala kumbhaka consiste à emprisonner les energies du souffle à l'intérieur du corps physique.

90 - 91. Chaque jour, tous les êtres incarnés recitent inconsciemment et dans la confusion l'ajapa mantra informulé, sans se préoccuper ni de compter ni de l'isoler du cycle respiratoire.
Par contre, les yogin font la kevali d'une maniere ordonnée et en comptant. Quand il fait ce qu'il convient, l'homme peut atteindre la « retenue spontanée » kevali : en doublant le nombre d'ajapa (c'est-à-dire 30 HAMSA par minute), mais sans respirer, on expérimente bientôt le non-mental (manomani).

92. Inspirer l'air par les deux narines et accomplir cette rétention «isolée», kevali. Le premier jour commencer par une seule rétention puis augmenter ainsi jusqu'à 64.

93 - 94. On doit pratiquer kevali huit fois par jour, toutes les trois heures ; ou, si l'on préfère, cinq fois par jour, également environ toutes les trois heures ; d'abord tôt le matin, puis
à midi, le soir, à minuit et dans le quatrième quart de la nuit. On peut aussi se contenter de trois seances, matin, midi et soir.

95 - 96. Tant que le résultat n'est pas confirmé, on devra perséverer en augmemant chaque jour d'une à cinq fois la durée de l'ajapa mantra (HAMSA). Celui qui connait pranayama et kevali est un veritable yogin, il peut tout accomplir dans ce monde, il a tous les pouvoirs. Tel est le cinquième enseignement de cet ouvrage que donna Shri Gheranda a Candakapali concernant le yoga physique et particulièrement le pranayama ou contrôle de l'énergie vitale du souffle.